Pour la petite histoire :
La date du 5 janvier 1895 ne nous évoque souvent rien de particulier et pourtant ce jour là va se tenir l'une des plus tragiques céremonies militaires de l'Histoire de France. Cette date est celle de la dégradation du capitaine Alfred Dreyfus.
L'histoire de cet homme est incroyablement triste et marquée par l'injutice. Et pourtant Dreyfus va se montrer d'un courage et d'une dignité hors du commun.
Revenons un peu en arrière, en 1894 une espionne française en Allemagne découvre un document prouvant qu'il y a un traitre au sein de l'Etat Major français. Après une enquête expéditive, au cours de laquelle de nombreuses preuves sont fabriqués, le 15 octobre 1894 le capitaine est arrêté. Il nie en bloc alors on le laisse seul dans une pièce avec un pistolet chargé dans l'espoir qu'il se suicide. Mais il n'en fait rien. L'armée française va alors faire un simulacre de procès. Les preuves ne tiennent pas la route et les avocats de Deyfus le démontrent mais l'armée va sortir sa carte joker : un dossier classé secret défense renfermant quatres autres preuves mais qui ne peut être divulgué en public. Dreyfus est condamné au bagne à vie le 22 décembre 1894 et à la dégradation.
Cela nous amène au 5 janvier où la cérémonie de dégradation a lieu à l'Ecole militaire de Paris. Imaginez vous un peu : 4 000 soldats (20 000 "spectateurs" en dehors de l'école) en carré autour de Dreyfus et un officier lui arrache ses galons, ses boutons, ses parements et brise d'un coup de genou son sabre en deux. Cela en aurait brisé plus d'un mais Dreyfus reste digne et dira : " Soldats on dégrade un innocent, Soldats on déshonore un innocent, Vive la France, Vive l'armée". Il part ensuite pour l'ile au Diable au large de la Guyane. Les conditions de vie y sont horribles entre chaleur, mauvais traitements, maladies tropiclaes et nourriture avariée.
Pendant ce temps, son frêre Mathieu et un journaliste, Bernard Lazare essayent de le défendre et d'obtenir une revision du procès. Le lieutenant colonel Georges Picquart s'empare de l'affaire. Il découvre rapidement l'origine frauduleuses des preuves et trouve le vrai coupable : le commandant Ferdinand Walsin Esterhazy. Un nouveau procès a lieu mais le commandant est innocenté et part pour l'Angleterre où il finira tranquillement ces jours. Picquart lui est muté en Tunisie et finalement incarcéré.
L'antisémitisme latent en Europe croît de plus en plus et l'affaire Dreyfus va entrainer une fracture de l'opinion publique en deux camps. C'est dans ce contexte que Clémenceau, Blum et surtout Zola soutiennent Dreyfus. Zola publiera son fameux "J'accuse". Les tensions se propagent chez les hommes politiques et au sein des institutions fragiles de la Troisième République. Face à cette pression, un procès de révision a lieu à Rennes le 7 aout 1899. Dreyfus revient alors en France. Malgré toutes les preuves de l'erreur judiciaire Dreyfus est encore condamné !. Mais sa peine se transforme en 10 ans de prison en Métropole. A bout de forces nerveusement et physiquement, il finit même par accepter d'être gracié. Le problème c'est qu'en acceptant cette grâce, il reconnait sa culpabilité. Dés lors, tous ses soutiens lui tournent le dos.
Il ne sera réintégré au sein de l'armée qu'en 1906 après de longues démarches et seulement au grade de commandant alors qu'il aurait dû être lieutenant colonel. Cette injustice est celle de trop, il demande sa mise en retraite en 1907. Cependant, Dreyfus n'en a pas encore fini avec son singulier destin. En 1908, lors de l'entrée au panthéon de Zola il est victime d'une tentative d'assassinat de la part d'un militant d'extrême droite. Un procès a lieu et aucune condamnation n'est prononcée, signe de l'augmentation inquiétante de l'antisémitisme.
En 1914 Dreyfus est mobilisé et combat pour stopper l'avancée des Allemands sur Paris. En 1917 il participe à la sanglante bataille du chemin des Dames et en 1918 il est envoyé à Verdun. Il finit la guerre au grade de Lieutenant-Colonel (tout un symbôle) et avec la Légion d'honneur. Il décèdera le 12 juillet 1935 à 76 ans dans l'indifférence générale.
En bref, cette "affaire" Dreyfus aura eu deux conséquences majeur : d'une part une sorte de "libération" de l'antisémitisme qui sera le terreau du futur régime de Vichy et d'autre part la naissance du Sionisme par Theodor Herzl qui couvrait le procès Dreyfus pour un journal de Vienne (Autriche) et qui fût horrifié de voir tant d'injustice.